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Aout 2016

Birmanie . La route de Dawei

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Un mont saint Michel sans le mont 

Sur le littoral au nord de Dawei, il y a un monastère et un stupa bien singuliers.

Prenant fondation profondément dans la mer, sa base flirte avec le niveau de l’eau. Selon la marée, les sols se laissent submerger par les vagues. Alors apparaît quelque chose de fantastique.

La pièce principale est comme une chambre noire sans fenêtre surmontée d’un plafond en forme de dôme. Seules quatre portes démesurément grandes aux quatre faces de la pièce laissent pénétrer de la lumière. Cette dernière se répercute sur l’immense miroir d’eau que forme la mer du golfe Andaman.

On peut voir au sol les reflets du monde extérieur et ce sont les scintillements d’or des constructions entourant le stupa qui illuminent la pièce.

Où que l’on pose notre regard, on retrouve ces tableaux d’un mariage de jaune et de lumière semblable à l’intensité atteinte par Van Gogh dans ses étourdissements de Arles.

Simple combinaison de matières savamment aménagées pour fabriquer une chambre noire percée d’or où semble flotter sur son bain d’eau la statue de bouddha. La lumière semblant provenir magiquement du sol en éclaire la face malicieuse. Les légers remous la font légèrement danser.

Je me trouve ici seul parmi les balayeurs du temple. Ils prennent soins de ce monument kaléidoscope à chaque fois que la marée descend. Les pieds dans l’eau, ils frottent, polissent les dalles, pour s’assurer que le limon jamais ne s’y dépose. Comme des marins arrimés à leur pont, ils répètent les mêmes gestes, toujours au rendez-vous que leur a confié la lune.

Quelle est leur langue ?

Ont-ils une patrie ?

Ou vivent-ils l’inévitable exil des sages ?

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Le grand bouddha 

Les parcours à vélo ont cette qualité de nous rendre totalement disponible, poreux à l’imprévu, prêt à danser avec lui. On prend le temps de découvrir les territoires que l’on traverse. Le chemin prévaut sur la destination.

Alors que je roule depuis 40km sur une route entourée de jungle sans le moindre village, apparaît ce bouddha encore en chantier d’une quinzaine d’étages.

Je demande à le visiter, on m’y autorise d’autant que les ouvriers font une pause. Tout le monde déserte le site et je m’y trouve seul. L’unique obligation est d’être pieds nus. Ça à beau être en chantier, le lieu de culte est prioritaire.

Je monte dans le corps, les trémies d’escaliers tournoient dans la forêt d’armatures en béton. Je me fraye un passage entre les outils et les statuettes. J’arrive aux épaules, pas encore recouvertes de leur peau métallique et je découvre plusieurs dizaines de mètres en contrebas le tapis vert de la jungle à perte de vue. Je grimpe encore quelques niveaux, l’espace est de plus en plus exiguë. Par un hublot figurant l’oculus de son oeil, on ne voit que le bleu du ciel et le silence fait bourdonner l’intérieur de la tête du divin goguenard.

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Thomas
Porte
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