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Novembre 2017

Inde . La route de Allahabad

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Tôt le matin, dès les premiers rayons de lumière, chaque quartier se pare d’un habit singulier. Les écoliers remplissent les rues, ils comblent de leurs petits corps tous les creux laissés vacants et font régner par l’accumulation des uniformes, un assemblage de teintes bigarrées et agencées selon les mêmes codes. 

Ils constellent maintenant chaque rue de la cité comme un champs de fleurs aurait pris possession d’une terre laissée vacante, aurait modestement poussé en elle, puis se serait ouvert sous la lumière d’un même matin.

A chaque quartier de la ville une pigmentation nouvelle est inventée et l’éclosion de la forme prend alors des traits d’un drapé jusque là inconnu.

Ils reproduisent par le nombre et la répétition l’étrangeté que l’on peut sentir du fait de retrouver une propriété équivalente demeurée fondue dans la normalité, s’extraire d’un coup, pour se manifester d’un foisonnement de couleurs et faire reconnaitre sa singularité. Ces fleurs-là bruissent et sourient, elles s’amusent de leur nombre et apprécient le privilège d’appartenir à un ensemble identifiable.

Une uni-forme à laquelle l’enfant des rues est exclu. 

Lui, ses couleurs n’ont pas de saisons, elles sont assimilées par les teintes brunes de la terre, il plie sous le poids d’un baluchon de jute qu’il remplit du butin glané ça-et-là dans les décombres des rues. Il se confond à son environnement, terne comme la ronce et on se garde de trop s’en approcher, bien que cette toile tissée, sauvage et rude, nous tienne en fascination.

 

Puis, un rickshaw s’approche, il est précédé d’une ritournelle lancinante qui ressemble sensiblement à celles qu’on peut entendre à proximité des plages pour prévenir du passage d’un camion de glace. En Inde, celle-ci sert à annoncer un ramassage scolaire. J’éprouve un malaise en voyant tous les visages d’enfants encore arrondis par le sommeil, se détendre pour chantonner par-dessus la mélodie. Tous les visages, même ceux des enfants des rues, pour qui l’école reste interdite.

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Thomas
Porte
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