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Novembre 2017

Inde . Allahabad

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Quand j’ai décidé de partir en Inde, j’avais le rêve d’assister à un des événements les plus ahurissants qui persiste. Dans la période que nous traversons actuellement limitant les rassemblements, les chiffres de cet évènement prennent encore plus d’ampleur. Il s’agit de la Khumba Mela, cette année Allahabad en est le foyer principal.

La Khumba Mela est l’un des principaux événement du cérémonial hindou, dont l’aboutissement est le bain dans le grand fleuve sacré du Gange

On annonce désormais que les khumba Mela sollicitent la venue de 100 millions de pèlerins sur un mois.

Chaque akhara profite de cette occasion pour exhiber sa puissance par le cortège le plus impressionnant. Chevaux et éléphants ornés de fleurs vives orangées, sadhus nus entièrement couverts de cendres. J’imagine assister à l’arrivée triomphale des troupes d’Alexandre Le Grand, j’imagine cette puissance fantasmagorique de l’ailleurs prendre le pas sur la sérénité des lieux. Que précédé par la rumeur et l’agitation, une foule immense et turbulente viendrait prendre la possession d’une ville.

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En Inde, la démesure se place sur un domaine différent car elle inverse véritablement le rapport de force entre le sauvage et le maîtrisé, entre l’émotionnel et le raisonné.

Pour un esprit occidental, ce sont des rapports à l’existence inconcevables aussi bien sur l’aspect personnel que sur la collectivité.

Cette démesure qui échappe entièrement rehausse considérablement le sentiment de vitalité.

 

Malheureusement je n’assisterai qu’à la fin de la Khumba Mela. Quelques communautés végètent encore à la confluence du Gange et du Yamuna. Les personnes que je rencontre semblent totalement embrumés, éreintés de plusieurs semaines de transe. Sans sommeil, sans éveil, ils sont dans le monde gris. Ce sont des enfants, des adultes, des vieillards, ils emmènent avec eux leurs costumes de cérémonie. 

Ils occupent le territoire immense d’une péninsule de sable tenue entre les brumes du Gange et celles du Yamuna.

Dans l’absence d’horizons, il ne s’accrochent à l’ailleurs que par le courant d’eau qui leur est apporté et qui après avoir filé entre leurs jambes, fuit.

 

L’accueil de 100 millions de pèlerins dans une ville éphémère nécessite des infrastructures exceptionnelles.

Les militaires installent des tôles d’acier dans le sable pour tisser un réseau routier gigantesque. Certains axes peuvent disposer de 10 voies. Des ponts flottants de l’armée sont aménagés pour traverser les fleuves. Des canalisations temporaires sont enterrées. Campement de tentes, réseau d’électricité, une véritable ville accueillant deux fois la population française est montée puis démontée suivant le cycle de la religion.

Je traverse les restes parmi les gens qui remballent la ville. À la manière des ruines, tout ce qui est encore là laisse supposer ses fantômes. Bientôt, le Gange reprendra toutes ces terres et y fera de nouveau son lit.

Je me promets de revenir un jour pour assister cette fois au véritable bain sacré.

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Thomas
Porte
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