
Novembre 2017
Inde . Fatehpur Sikri - Orccha

Vers midi, le soleil inondait indirectionnellement les rues et la rocaille d’une blancheur hilare. Pourtant la terre, les quelques aspérités édifiées par la nature et par nous-même, paraissaient plongées dans un éclat sombre, un arc-en-ciel percé de noir. L’éblouissement nous plongeait chacun dans notre propre pénombre.
On se trouvait ici sans horizon, sans points extérieurs pour y fixer une attention hors de nous. Le soleil ramenait chaque corps à sa cécité. Tout était réduit à une errance solitaire qui se côtoyait et formait un troupeau d’une élégante maladresse.
A la déambulation hagarde des corps se mêlait un étourdissement de la pensée.
L’outil doué de sens qui devait nous servir de guide était également soumis à l’intrigue qui l’empêchait de se saisir de lui-même. Les hommes, ahuris par le haut, avaient échappé à leur ombre, s’étaient isolés dans une activité hébétée.
Sur les chemins de terre d’où la poussière s’élevait, les chiens avaient la gueule fendue comme des fruits. La béance sur le masque trahissait un aveu d’impuissance. Au reste, comment auraient-ils pu s’extraire de ces événements qui sévissaient sur un ensemble clos.
Seul le renoncement aux sens, manifesté par la cicatrice qui marquait leur crâne d’un côté jusqu’à l’autre leur permettait d’adoucir par un subtil rictus une échappée à l’absence d’espoir. Le temps s’était dilaté. De cette fêlure, l’air même brûlait. A demi asphyxiés, nous patientions lascivement. Pourtant, dans les villes, l’activité se poursuivait. Les artifices qui y avaient été promus en avaient grandi l’inertie et par là-même, réduit les facultés de sentir certains phénomènes. Ainsi, plus par convention que par conviction, l’on continuait de respecter et de nourrir une poussée collective. Les villes exigeaient d’être irriguées, c’était tout. Alors aux formes humaines venaient s’ajouter d’autres formes humaines toutes accablées et, sans en reconnaître les fondements elles s’agitaient.
Les unes stimulant les autres, la bousculade collective s’entretenait au milieu de l’atmosphère devenue étouffante.
La nature tenait dans une totale indolence les destinées, elle avait cela de divin, mais aussi cela de fragile que nous avions influé sur son état. Elle se rappelait à nous telle un dieu grec, puissante et soumise à ses passions, elle demeurait la chambre obscure où s’y traitaient des dimensions qui nous échappaient.





























