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Janvier 2017

Vietnam . La route jusqu'à Ba Be

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Je me suis laissé absorber par le paysage de Ba Be rappelant les shanshuis, ces estampes chinoises. 

La couleur des feuillages qui entourent le lac, les reflets mentholés de l’eau. Il était possible de voir le léger mouvement des branches de bas en haut trouver réponse dans la masse laiteuse du lac. 

 

Je quitte enfin le site après m’être attardé à prendre en photo une piscine abandonnée en plein air au milieu de cet environnement naturel et désertique. Il est bien trop tard pour atteindre la ville étape que j’avais programmé. 

 

En fin de journée, je parcours les nombreux kilomètres dans l’obscurité de la nuit, éblouit par les nombreux camions reliants le nord du Vietnam à la Chine, transporteurs de porcs puants et couinants. A leur passage à toute vitesse, les dépressions manquent de me faire tomber. Enfin je traverse un village qui semble suffisamment grand  pour disposer d’un hôtel. Il est situé au carrefour des deux grands axes, et fait face au grand parc communal qui relie l’ensemble des établissements administratifs qui régissent ce territoire. Bien au centre du jardin, un podium a été dressé. Il est puissamment éclairé par des spots de structures sportives. Il irradie au milieu de cette campagne si peu habitée, tente d’offrir une alternative aux phares des camions et de l’ailleurs.

L’hôtelier, quoique alcoolisé et suspicieux m’accepte.

Je m’installe, puis je vais voir les festivités qui ont débuté autour du podium. Beaucoup d’hommes sont déjà saouls. J’ai du mal à connecter avec ce rythme rural pour qui le glissement vers le domaine de la nuit débute très tôt. En un sens ce retard à l’allumage me préserve.

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La fête s’avère être en fait être un grand rassemblement militaire à la gloire du communisme. Cela vire en un show digne de pop star un poil plus flippant car maitrisé à la perfection. Ca me rappelle un documentaire vu sur la Corée du nord. Les très jeunes chanteurs et danseuses s’exécutent dans une discipline à l’ordre désuet. 

Elle met en lumière les bienfaits de l’armée sur l’éducation des enfants, sur l’exploitation ordonnancée de leurs aptitudes. J’imagine la puissance d’une telle propagande sur ces terres rurales.

L’image que ça laisse est déroutante, car l’esthétique militaire de précision s’affronte à un public alcoolisé, et dissipé, rassemblé ici pour profiter de la lumière, s’agitant, hurlant. Je préfère ne pas m’attarder, j’ai l’impression que l’énergie est en train de tourner.

 

En rentrant, le gérant ne veut plus que je dorme dans son hôtel. Il est plus de 23h et il souhaite me chasser. Soit disant que des militaires sont inquiets par ma présence. Je proteste, fait remarquer que je suis en règle et qu’il n’y a pas d’autres hôtels à plusieurs dizaines de kilomètres de là. Je n’envisage pas de reprendre la route dans la nuit sur ces routes très anxiogènes parmi les camions.

Lui, tient à peine encore sur ses jambes. Je demande à ce qu’il appelle un militaire. Il finit par accepter. Je profite de ce temps de flottement pour rejoindre rapidement ma chambre et m’y enfermer.

Il vient frapper et finalement abandonne. Quelques minutes plus tard des militaires viennent, leurs uniformes sont comme cartonnés et débordent de leurs épaules pour dissimuler leurs corps fluets.

Je leur explique la situation, j’observe leurs regards embrumés par l’alcool, un peu lascifs, soumis à l’habitude de répondre à des ordres, je sens que j’ai la maitrise de cette discussion. 

Ils vont d’ailleurs rapidement dans mon sens et je peux enfin me coucher.

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Thomas
Porte
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