Janvier 2017
Vietnam . La route jusqu'à Son La
De part et d’autre de la route, ce sont deux grands rideaux de velours noir qui se sont étendus, la campagne s’étire dans une obscurité épaisse d’où les sons sortent étouffés. Le halo lumineux de ma lampe frontale dévoile faiblement un tapis d’asphalte à demi phosphorescent pris en tenaille dans un environnement sauvage.
Je ne capte de ce dernier qu’une odeur de céréale rance enveloppée par une pesante moiteur.
Tout d’un coup, un animal totalement effrayé apparait, sa silhouette isolée se découpe sur le chemin d’un poudrage de graviers blancs. Dans sa fuite ses gestes sont malhabiles.
Au sol, son ombre lui répond avec les mêmes tourments, presque conjointement. Il m’est impossible d’en reconnaître l’espèce.
La forme se disperse, s’éparpille, les membres se coordonnent mal, pourtant, une fébrile harmonie demeure sur le fil de ces deux corps en symétrie qui subissent dans l’union de l’instant les mêmes soubresauts. On pourrait croire au battement d’ailes d’un papillon. Les corps se balancent avec excès d’un côté puis de l’autre, comme appelés par leurs extrêmes.