Janvier 2017
Vietnam . Hoi An
J’arrive dans cette ville après 20h de train, 36h de jeun, seulement une petite bouteille de whisky avalée pour trouver le sommeil, longue insomnie dans le wagon couchette. Mon lit était le plus haut et me laissait à 60cm du plafond de la cabine. Il fallait se contorsionner pour se retourner parce qu’une fois sur le côté mes épaules se bloquaient aux deux parois. Épuisé, groggy, sur le quai j’étire enfin tous mes membres comme un oisillon sortant de sa coquille.
Je découvre cette ville très pittoresques dans le meilleur et dans le pire.
Façades colorées à la patine savamment préservée, lampions de papiers multicolores surplombant les rues, jardins luxuriants, ici une baignoire déborde de plantes aquatiques, là sont accrochés à la balustrade des seaux d’où dégoulinent des campanules, des wisterias dans une grande profusion.
Première pluie, la rue transformée en rivière paisible reflète les couleurs chaudes des façades. Suspendus à leurs câbles, les lampions dansent sous la pression des gouttes épaisses. On les entend tambouriner légèrement puis rebondir sur l’origami de papier.
Hoi An a une force de caractère qui s’intensifie avec l’obscurité et avec les intempéries. Elle semble connaître le remède pour maintenir une lueur chaleureuse qui préserve une intimité. Elle apparait certaine d’une désuétude dont elle tire sa grâce mineure. Arborant ce rictus malicieux, elle joue de connivence avec ses arpenteurs, certaine de son emprise.
La nuit tombée, l’on s’approche des nombreux canaux que forme l’embouchure de la Thu Bon river. On regarde le miroitement des lumières douces.
On s’approche des berges pour déposer sur l’eau de petits navires en papier retenants une bougie allumée. On confie au courant ces petites flammes tenues fébrilement au dessus de l’eau. On les confie à leur ange noir qui, poursuivant son cours fait cheminer cette fragile aspiration. Seule l’origami de papier sépare l’eau du feu. Trois éléments contraires mis en présence dans un parcours dont on sait l’issue inéluctable. Il y a une croyance pleine de douceur lors de ce cérémonial.