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Aout 2019

Bolivie . Uyuni

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Il m’est difficile d’écrire sur la suite du voyage en Bolivie. Le sud Lopez est une région superbe, forte de contrastes, de couleurs saturées, d’une lumière intense.

Mais généralement, j’aime raconter le charme d’un territoire par le prisme d’une histoire humaine. Hors je n’ai pas fait de rencontre qui me permette de développer cette écriture.

L’économie touristique a gangrené l’esprit du lieu et décourage les rares alternatives possibles au voyage organisé. Toute l’offre est focalisée pour s’appuyer sur les agences d’Uyuni.

Elles proposent des dizaines de jeeps avec guides qui se suivent et arpentent cette région comme si elle était un grand parc d’attraction. Le salar est réduit à un manège qu’il faut voir au coucher de soleil. Les eaux chaudes de sol de manana sont à voir à l’aube pour qu’apparaisse à la surface des geysers une belle brume. Tout est planifié, optimisé ne laisse aucune place à l’imprévu. Les jeeps se suivent de point de vue en point de vue comme une sorte de petit train.

Toutes les auberges sont conçues pour ces voyageurs, chambres par multiple de 6 ( nombre de passagers par jeep), repas par 6, etc...

Il m’a souvent été impossible d’acheter un repas ou de louer une chambre. Les rares fois où je me suis résigné à monter ma tente prêt de ces auberges pour bénéficier du point d’eau.

On m’apportait les restes des repas. Sentiment dérangeant face à cette bienveillance mêlée de pitié.

J’avais surtout le sentiment qu’il n’y avait plus de place sur ce territoire pour ma manière de voyager.

 

Voyager seul à vélo permet de s’immerger entièrement dans l’immensité des paysages, de demeurer disponible à l’irruption de quelque chose de beau et qui nous surprend. De se sentir le seul contemplateur d’un instant poétique comme s’il nous avait réservé cette intimité. L’extrême dénuement des journées de silence à traverser ces déserts de roches. J’ai apprécié tous ces longs moments, ils contrastaient terriblement avec l’arrivée d’une meute de véhicules, la précipitation de leurs passagers derrière un cordon de protection pour capturer dix photos dans l’affolement. Puis sommés par leurs guides de reprendre la route vers un autre spot conseillé par leur guide.

Malheureusement, le parfum du sud lipez s’affadie toujours un peu plus sous la prolifération des voyages Instagram.

 

Le site retrouve finalement son silence vertigineux. Les nuages de poussière provoqués par les 4x4 sont dissipés par le vent. Je me promène parmi les squelettes de locomotives, constate que ces grandes dames ont acquis une dignité étrange avec le temps. Il ne reste qu’une peau épaisse de métal. Les détails subtils des rivets sont d’une autre époque.

L’époque où l’on avait l’amour des choses bien faites, où cette attention pour l’imperceptible avait autant de sens que le bon fonctionnement des choses. Comme si le temps mis pour fabriquer sécrétait un esprit.

Ces locomotives racontent une période et également un territoire. La traversée de Bolivie vers le Chili, prêt de 4500m de dénivelé sur les pentes accidentées de l’Altiplano.

L’exploitation des richesses du sous sol bolivien a justifié une telle prouesse.

 

Aujourd’hui le vent s’engouffre dans les carlingues fait siffler les grandes parois métalliques de ce cimetière à côté de la petite ville d’Uyuni.

Cette manière dont la nature ramène à la terre l’état des choses me fait penser à certains paysages du film « paris texas » de Wenders.

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Thomas
Porte
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