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Aout 2016

Birmanie . L'archipel de Myeik

Ce sera la ville méridionale de mon parcours birman. Ici le golfe d’Andaman est parsemé de quelques ilots qui font face à la ville. Dans cette intimité de terre je pouvais observer les nombreux navires de bois et de cordes s’agiter mollement. Pantins vétustes végétant dans une eau trouble de terre, certains sont enlisés, pris au piège des rives boueuses.

Les chantiers navals s’insèrent en continuité de la vile comme des quartiers singuliers. Les carcasses des navires remplacent les parois des immeubles et je déambule dans les rues que forment les parois obliques de leurs coques. On retrouve dans ce dédale de métal et de bois, tous les stades de la construction, de la simple ossature semblable à un squelette de baleine au bâtiment presque terminé sur lequel on règle les finitions. On s’agite dans la rue et sur les ponts. On progresse dans les airs par un échafaudage rudimentaire ou par des câbles tendus, passant de la poupe d’un bateau à la proue d’un autre. Enjambement de planches, on ne touche jamais vraiment le sol. Peintures écaillées, odeur de bois exotique fraichement mouillé pour en travailler la courbe. La grande armature qui maintient ses patients se prolonge. Certains secteurs sont au repos et les ouvriers attachent leurs hamacs à l’échafaudage et font la sieste au milieu de la cohue générale. Ils sont légèrement bercés par le mouvement qui fait osciller l’ensemble. J’ai l’impression d’être dans les entrailles d’un vieil opéra où machinistes s’affairent dans une chorégraphie harmonieuse. Gestes d’une précision  remarquable, agilité de félins pour se déplacer, danse merveilleusement coordonnée.

 

À une centaine de mètres de là, un bateau s’approche du quai. Plusieurs hommes s’activent à sa proue. Je les vois jeter de lourds seaux d’eau. Ils écopent et je constate en effet qu’à mesure qu’il avance, le navire s’enfonce. La silhouette du navire est gravement en train de baisser et à mesure sa cadence ralentit.

Ses flancs flirtent dangereusement avec la ligne de flottaison. Un canot va à leur rencontre, il leur apporte un tuyau relié à l’extrémité du quai. Bruit de moteur, aspiration mécanique de l’eau, ils auront finalement le temps de rejoindre le quai.

Tout s’est fait dans un calme déroutant. Comme si c’était chose habituelle. Comme si certains bateaux n’étaient pas faits pour flotter mais pour couler suffisamment lentement afin de permettre le temps d’une pêche chronométrée.

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Thomas
Porte
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