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Août 2018

Tadjikistan . La route d'Alichur

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Quand on voyage à vélo, on apprend une lecture différente des cartes, particulièrement lorsqu’on traverse des sites montagneux:

si la route longe un cours d’eau, cela assure une pente relativement douce et régulière.

si elle fait un crochet avant de rejoindre à nouveau le fil bleu, c’est qu’un accident géologique l’y contraint, donc pente raide sur une courte distance.

Quand on change de vallée, là c’est une autre affaire. 

 

Je dois sortir du corridor du wakhan car face à moi il y a désormais la frontière chinoise et la frontière afghane. Le col à franchir culmine à 4600m, l’incertitude de le franchir avant la nuit, la peur de bivouaquer dans un froid abyssal.

 

Mon vélo ne peut clairement plus m’emmener, c’est une épave. Je trouve un mécano à Vrang mais il doit importer du matériel de Dushambe et il faut minimum 4 jours pour l’obtenir.

Je dois faire face à un autre problème., je n’ai pas pu retirer d’argent depuis Dushambe et je suis pratiquement à sec. Je dois rejoindre la frontière Kirghize.

Je me fais une raison et échange mon vélo contre un trajet de voiture qui me sort de ce fond de vallée.

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Une fois sur le plateau du Pamir, j’aurais la possibilité de faire du stop sur cet axe plus passant.

Trois adolescents sont ok pour le deal, ils empruntent la voiture de leurs parents. J’assiste à leur préparation, c’est comme s’ils allaient au devant d’une expédition polaire. 

 

On monte, la piste est faite de gros cailloux arrondis comme des charbons, les roues du land rover ont toutes les difficultés à s’y accrocher. Par moments, la voiture est coursée par de puissants chiens de montagne au pelage épais. Ils sautent, tentent de saisir le rétroviseur, leur mâchoire claque juste à côté cette fois-ci. Je me félicite de ne pas être à vélo sur cette portion. On vient de franchir le col et je vois mes compagnons de voyage sortir de sous les sièges de grands gourdins en bois. Ils rient de toutes leurs dents blanches, ils sont excités et me montrent à la fenêtre qu’il y a des marmottes, là pas très loin du bas côté qui curieuses nous observent.

 

Ils arrêtent la voiture et partent à la poursuite de l’animal dans une course dégingandée. L’animal est clairement plus rapide que son assaillant, la chasse est vaine.

Ils rentrent vers la voiture et commentent très fort les raisons de leur échec.

 

Nous roulons maintenant les portières ouvertes pour que la chasse gagne quelques précieuses secondes. La situation se répète quatre fois.

Bredouilles, ils admettent leur échec et m’amènent à Alichur.

Les nuits du Pamir sont probablement de celles qui permettent voir le plus d’étoiles. L’air sec nous donne cette impression d’être plus proche d’elles. A 4000m d’altitude, on a l’impression par moment d’être plus en contact avec le ciel qu’avec la terre. Je repense aux mémoires d’Hadrien de Yourcenar et de cette nuit cosmique qu’il éprouvait en Syrie.

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Thomas
Porte
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